Si ce n'est sa culture, la nature de l'Amérique au moins doit faire l'admiration du monde. 

Thomas Jefferson, 1784.

Protection de l'environnement ou volonté économique?

Depuis la création de son premier parc national en 1864, les Etats-Unis se placent au premier plan de la protection de sa nature et son patrimoine. La tâche n'est pas aisé dès son commencement car le pays est le troisième plus vaste du monde et cela donne beaucoup de surface à adapté touristiquement (car il s'agit là d'une mise en tourisme de ces espaces afin de les contrôler et de pouvoir les protéger).

Poussé par l'engouement que provoquera les tableaux de célèbres peintres sur les somptueuses plaines de Yellowstone ou les merveilleuses cascades de Yosemite, le gouvernement américain va très vite voir là une opportunité de mise en tourisme de ces espaces. En même temps, ils peuvent ainsi mettre en place des dispositifs pour la protection de ces sites.

Il y a en 2018 59 parcs nationaux aux Etats-Unis. C'est un nombre énorme pour n'importe quel pays, même aussi vaste que celui-ci.

La motivation de cette création peut se vouloir idéologique aux premiers abords, on pourra dire que c'est une initiative pour protéger la nature et le patrimoine que possède le pays. Mais la vraie raison serait plus économique.

En créant ce genre de parc, le gouvernement va contrôler les entrées et les sorties des touristes, rendant cette entrée payante (les recettes servent ensuite à la préservation du parc en question et la formation et paye des guides appelés "rangers" sur place.

C'est la même chose pour les parcs nationaux au Canada, sachant que le premier parc, aujourd'hui appelé Banff, fut créé en 1885. Pareil à son voisin, le pays doit alors faire des choix stratégiques pour désigner les différents parcs et encadrer tout le territoire qu'ils représentent sur le pays.

Europe, Amérique du Nord, quelle différence?

Que ça soit pour les parcs des Etats-Unis ou ceux du Canada, la gestion reste la même. Chaque parc à sa propre particularité et on peut noter que pas deux ne se ressembles (ex : Grand Canyon et Arches aux USA).

En Europe et surtout en France, on peut voir que la gestion des parcs est totalement différente.

En premier lieu, on constate que l'entrée des parcs américains est payante. Cet argent servira ensuite à préserver le site et créer des aménagements comme des musées dans l'enceinte du parc sur différents thèmes par exemple.

En France, l'entrée de nos parcs est gratuite. Elle n'est parfois pas contrôlée du tout. La notion de propriété étant très différente en Europe qu'en Amérique. Certains parcs en Europe sont privés, et on ne peut pas y accéder. En Amérique, tous les parcs sont publiques et privés à but commerciales (gérés par l'Etat mais sensé générer des bénéfices).

Les rangers, primordiales pour la survie et la gestion des parcs américains.

Nous savons que les touristes doivent être sensibilisés et éduqués sur les lieux qu'ils visitent. Ils doivent donc se plier aux règles du lieu où ils sont et les personnes qui sont en charge de les leur donner, ce sont les "rangers" en Amérique. 

Plus efficace qu'un panneau ou une brochure, ces personnes (issues de volontariats chez les jeunes généralement mais aussi de personnes plus qualifiées sur la biodiversité notamment) pratiques tous les jours plusieurs visites guidées des parcs pour tout public et gratuitement. De cette façon, les touristes découvrent le lieu en même temps qu'ils apprennent des choses. Il est d'ailleurs plus efficace d'expliquer pourquoi on impose des interdits dans un lieu touristique, afin que les visiteurs comprennent les raisons de ces interdictions, que de simplement les appliquer.

Ci-dessous une photo de rangers en train de faire des travaux sur un sentier de randonnée dans le Grand Canyon.

Mais comme nos touristes n'écoutent pas toujours, un autre rôle est attribué à ses rangers, celui de protecteurs des parcs. Ils sont en quelque sorte "les policiers" des lieux et ont autorité dans l'enceinte des parcs. Mais ils peuvent aussi travailler dans les musées présents dans les parcs.

Cette activité est appelée "monitoring". 

En France, les parcs nationaux et régionaux ne disposent que de simples panneaux signalétiques pour la plupart (ce qui ne garanti pas un contrôle total du territoire).

Exemple ci dessous avec le Par National des Calanques, dans le sud de la France.

Et un exemple de "Honey Pot" qu'on peut trouver dans les parcs canadiens sont les fameux "Visitor Center" (celui du parc national de Banff ci-dessous).

Le concept d'interprétation consiste à mettre en place des moyens de communication afin de sensibiliser les visiteurs à la préservation du lieu (comme le fait de rester sur les sentiers désignés pendant une balade par exemple).

Le concept de "Honey Pot" est aussi très important. Il s'agit d'un concept de gestion des flux de visiteurs. Par "Pots de miel" on entend un endroit aménagé spécialement pour les touristes qui les attirera, et en se faisant, permettra de contrôler leurs interactions avec la biodiversité du parc ainsi que facilitera la préservation d'autres zones dites "vierges".

Les parcs en dangers (exemple, Grand Canyon).

Le problème de la mise en tourisme de ces parcs, c'est bien le nombre de visiteurs qu'elle engendre. En Amérique du Nord, les parcs sont bien aménagés et prêts à accueillir des touristes. Mais peuvent-ils tous les contenir? La réponse et non pour la plupart. Les parcs subissent une forte saisonnalité pendant l'été car les touristes arrivent alors en masse pendant ces périodes.

Comme on peut le voir avec l'exemple le plus frappant, au parc du Grand Canyon, Arizona, cette affluence est un véritable fléau pour le parc. Le parc n'est pas habilité à contenir autant de monde, malgré sa taille, car il n'y a pas assez d'infrastructures. D'ailleurs, pendant les périodes creuses, le parc permet aux visiteurs de circuler avec leur propre véhicule sur les différentes routes qui mènent aux fameux points de vue. Pendant les deux mois les plus remplis (juillet et août), il n'est permis de circuler dans le parc qu'à bord des navettes gratuites prévues à cet effet. Tout ceci est dans un but de réduire les allées et venues et ainsi éviter les accidents possibles. Pour les marches dans les différents sentiers qui descendent le Grand Canyon, l'idée est la même, des rangers font à différentes heures de la journée des visites et surtout surveillent les visiteurs (la chaleur peut être très élevée et les marches sont souvent précédées de panneaux indiquants qu'il faut emporter à boire avec soit).

Certains "trails", les chemins de randonnées possibles dans le parc, sont même devenus difficiles d'accès à cause de l'affluence (ex : South Kaibab Trail) !

Ces sentiers, présents sur tous les endroits aménagés du parc, sont créés pour que les visiteurs se rendent compte de la rudesse et l'hostilité du territoire. 

Les solutions face à cette surfréquentation de la part des parcs est d'aménager des systèmes de navettes hybrides qui protégeraient l'environnement et permettraient au parc de respirer. Cela réglera le problème de l'affluence des voitures et la dégradation de l'environnement. Mais restera le problème des parkings à l'entrée de ces parcs, qui sont très régulièrement saturés entre mai et octobre (tous les parcs ont la même politique face à ce phénomène).

Pour les visiteurs, la solution de choisir quel parcs visiter est aussi une des meilleures. En choisissant des parcs mois connus mais tout aussi impressionnants, ils peuvent ainsi passé à côté de la foule, même en été !